Boris Johnson se résout à quitter Downing Street

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Usé par les scandales, mis à terre par une avalanche inédite de défections dans son gouvernement, le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé jeudi sa démission, tout en précisant qu’il resterait au pouvoir en attendant la désignation de son successeur.

“C’est clairement la volonté du parti conservateur qu’il y ait un nouveau leader et donc un nouveau Premier ministre”, a-t-il déclaré dans une courte allocution devant Downing Street.

“J’ai nommé un nouveau gouvernement qui sera en poste, tout comme moi, jusqu’à ce que le nouveau dirigeant soit en place”, a-t-il ajouté, sans un mot pour la crise ouverte provoquée par la soixantaine de démissions dans son gouvernement depuis mardi, après un énième scandale.

L’idée de cet intérim qui pourrait durer jusqu’en octobre a été immédiatement dénoncée par l’opposition et certains poids lourds conservateurs.

L’ex-Premier ministre John Major (1990-1997), a jugé “imprudent et peut-être intenable” que Boris Johnson reste “plus longtemps que nécessaire” à Downing Street.

“Nous n’avons pas besoin d’un changement à la tête des Tories. Nous avons besoin d’un vrai changement de gouvernement”, avait peu avant fait valoir le chef de l’opposition Keir Starmer.

Une majorité des Britanniques (56%) veulent aussi que l’intérim soit assurée par quelqu’un d’autre, selon un sondage YouGov. 77% pensent que Boris Johnson a eu raison de démissionner.

Personne ne peut “regarder Boris Johnson et conclure qu’il est capable de se comporter en Premier ministre intérimaire”, a estimé la cheffe des indépendantistes écossais Nicola Sturgeon. Il “va inévitablement causer encore plus de chaos”.

Il a en tout cas déclaré lors d’un Conseil des ministres jeudi après-midi qu’il laisserait les “décisions budgétaires majeures” à son successeur, selon Downing Street.

En annonçant sa démission, M. Johnson s’est dit “immensément fier” de son bilan, en évoquant notamment le Brexit, la campagne de vaccination anti-Covid et son soutien à l’Ukraine.

“Ces derniers jours, j’ai essayé de convaincre mes collègues qu’il serait dingue de changer de gouvernement alors que nous réalisons autant de choses (…) je regrette de ne pas avoir réussi”, a-t-il ajouté.

Après 2 ans et 349 jours tumultueux au pouvoir, marqués par le Brexit dont il était le héros, la pandémie, l’invasion russe en Ukraine, une inflation record et une montée des conflits sociaux, Boris Johnson, 58 ans, a été poussé vers la sortie par son propre camp, lassé par les scandales à répétition et ses mensonges.

Jeudi, il a procédé à plusieurs nominations, pour remplacer des ministres et secrétaires d’Etat démissionnaires. Il a aussi téléphoné au président ukrainien Volodymyr Zelenskyy. La présidence ukrainienne l’a remercié pour son soutien “dans les moments les plus difficiles”.

Le départ de M. Johnson est “une opportunité pour revenir à l’esprit véritable du partenariat et du respect mutuel dont nous avons besoin”, a de son côté estimé le Premier ministre irlandais Micheal Martin, sur fond de relations entre Dublin et Londres tendues au sujet de l’Irlande du Nord.

“Il était temps !”

D’une popularité jadis inoxydable, Boris Johnson avait sombré dans les enquêtes d’opinion après une série de scandales, dont le “partygate”, ces fêtes illégales organisées à Downing Street malgré les confinements anti-Covid.

Boris Johnson avait varié dans ses explications, provoquant frustration puis colère des élus conservateurs. La police avait conclu qu’il avait enfreint la loi, mais il avait refusé de démissionner.

Le mois dernier, il avait échappé à un vote de défiance, 40% des députés conservateurs refusant cependant de lui accorder leur confiance.

Mercredi soir, plusieurs ministres s’étaient rendus à Downing Street pour essayer, en vain, de convaincre Boris Johnson qu’ayant perdu la confiance du parti conservateur, il devait démissionner pour son bien et celui du pays.

“Bye Boris”

La séance hebdomadaire de questions à la Chambre s’était terminée par un “Bye Boris” répété par plusieurs élus.

Mais le Premier ministre affirmait qu’il avait un “mandat colossal” à accomplir.

La démission mardi soir du ministre des Finances Rishi Sunak, et du ministre de la Santé Sajid Javid, avait sonné l’hallali pour le Premier ministre, après un nouveau scandale sexuel impliquant le “whip” adjoint chargé de la discipline des députés conservateurs, que M. Johnson avait nommé en février, “oubliant” des accusations passées de même type.

Plusieurs conservateurs sont pressentis pour lui succéder à la tête du parti, le ministre de la Défense Ben Wallace étant favori selon un sondage YouGov.

Selon le Pr Tony Travers, de la London School of Economics and Political Science la longévité du parti conservateur s’explique par le fait qu’il “se débarrasse de ses leaders quand il pense qu’ils font du mal au parti”. Ce qui lui permet selon lui de dire “regardez, on a complètement changé”.

En attendant, une statue de cire de Boris Johnson a fait son apparition devant une agence pour l’emploi à Blackpool (nord-ouest de l’Angleterre), tandis qu’une pancarte “libre” a fait son apparition sur la réplique de la porte noire du 10 Downing Street dans le célèbre musée londonien Madame Tussauds.

NewsAmericasNow.com

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