Le premier album solo de Thierry Vaton

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  Thierry Vaton, pianiste, compositeur, vient de sortir Belmatjoukann, son premier album solo dans lequel il se fait accompagner par ses complices de toujours, les frères Fanfant, Michel Alibo, Bago et le pianiste Georges Granville.

« Ça faisait un moment que tous mes amis, mes collègues, ma famille me disaient : Alors, tu le fais quand ton album solo ? » Depuis près de quarante ans qu’il est dans le métier, Thierry Vaton a toujours été ce qu’on appelle un sideman. « Pianiste, arrangeur et sideman, c’est ça ma vraie casquette ! Pour ce qui est des artistes antillais je crois avoir accompagné tout le monde, toute ma génération on va dire… Les plus connus, les Kassav, les Jacob, Beroard, Marthely, Tony Chasseur, Dédé Saint-Prix, Sylviane Cédia, Tanya Saint-Val… Au national, Philippe Lavil et à l’international Angélique Kidjo (que j’accompagne toujours) et beaucoup de groupes africains. »

Le déclic de cet album solo est apparu à la faveur de la crise Covid. « Chaque musicien sait à un moment donné qu’il est prêt, raconte le Martiniquais. J’avais quelques compositions, quelques petites notes par-ci par-là et puis il y a eu la période du confinement. J’ai eu beaucoup plus de temps pour moi et je me suis décidé à peaufiner toutes mes petites notes à droite à gauche, toutes ces petites compos qui étaient là, qui traînaient et je les ai finalisées. » Il a réalisé ses maquettes dans son petit home-studio chez lui. Une fois que j’ai eu tous les titres, j’ai fait le casting ! Selon le titre, selon la couleur du morceau, selon le swing, on fait appel à tel ou tel musicien. Alors quand on a eu des périodes de liberté au milieu de ces périodes de confinement, on en profitait pour enregistrer… »

Thierry a appelé avec les frères Fanfant, Michel Alibo, Bago Balthazar, Guy N’Sangué, Stéphane Edouard, Georges Granville, son binôme avec lequel il écrit des bouquins depuis une dizaine d’années, Tilo Bertholo, un jeune batteur très talentueux, Stéphane Castry…

« Michel Alibo est très sautillant quand il joue, plus sautillant que Thierry Fanfant qui a une basse plus lourde, plus groove, un son plus gros ! Pour les batteurs, c’est pareil ! Jean-Philippe Fanfant, c’est la Rolls et c’est lui qui joue le plus de titres, mais je tenais à avoir le jeune Tilo Berthelot parce qu’il a un goût, une frappe et un son tellement originaux. Il fallait qu’il soit là sur deux titres. Julie Sauri est une vraie swingueuse ! »

Après le décès de ma mère, Thierry a composé « La reine mère », un morceau où il ne fait jouer que des femmes : Julie Sauri à la batterie, Thérèse Henry à la basse, Marie-Catherine Fardin aux percus, Adélaïde Songeons avec qui il fait le big band Mizikopéyi, aux trombones, et K-nel Ketsia aux chœurs.

Dix titres pour un bel matjoukann !

Chaque titre raconte une histoire. il y a des titres qui sont plus ou moins chargés comme « La reine mère » ou « Lamento » qui est venu après la mort de son père. « Le titre Manot, sorti en single, c’est une ambiance de marché.J’avais entendu quelqu’un appeler une personne par ce surnom. En tout cas, j’ai cru entendre Manot… Je voulais un titre qui représente cette ambiance de marché, très enraciné dans le bèlè… Et l’ensemble composé le roman Thierry Vaton ! c’est un peu mon histoire, celle de la musique antillaise à travers mes mélodies, avec toutes les influences que j’ai pu glanées pendant toutes ces années. »

A l’écoute, on a le sentiment d’entendre un jazz très classique même s’il est mâtiné de caribéanité. « C’est le piano Fender Rhodes ! J’ai voulu me démarquer de mes collègues ! Pratiquement tout l’album est basé sur cet instrument, j’en fait ma patte ! C’est Thierry

Vaton et ce n’est pas Mario Canonge ou Alain Jean-Marie ! Voilà, parce qu’on est tous caribéens. Bien sûr, nous ne jouons pas pareil, mais nous avons une couleur commune !

Et c’est ce belmatjoukann commun que je veux mettre en valeur et c’est aussi ce matjoukann qui m’a construit. »

Album bel matjoukann – DR

Bio express

Thierry est né en 1966 et a vécu à Fort-de-France jusqu’à ses 16 ans. « Mon père était d’un quartier bourgeois des Hauts de Fort-de-France, entre Didier et la route des rochers. Il était médecin et ma mère, prof de physique au lycée de jeunes filles à Bellevue. »

Adolescent turbulent, il est exfiltré à Paris alors qu’il entre en classe de première. « J’ai eu cette année-là les meilleures notes que je n’ai jamais eues ! Il n’y avait pas les potes pour me perturber… » Mais son attrait pour la musique est tel qu’il est plus souvent sur son piano qu’à l’école. Il a commencé à en jouer à l’âge de 7 ou 8 ans comme ses quatre autres frères et sœurs élevés par un père saxophoniste dans une ambiance mélomane.

Il ne passe pas le bac. Il décide d’arrêter l’école pour devenir musicien professionnel. Il suit un peu le conservatoire, mais comme il n’est pas très attiré par le classique, il entre à l’American School pour une formation qui va durer trois ans. « C’est là que j’ai tout appris ! »

Son premier contrat officiel, sa première fiche de paie, c’est en 1987 avec l’album de Dédé Saint-Prix, MI Sé Sa. Il a 21 ans. Après, c’est le bouche-à-oreille qui l’a fait connaître. « C’était la belle époque de ces clubs de jazz comme le Baiser salé, le Sunset… Mais à l’époque, on faisait des sessions qui duraient la semaine ! » Thierry se montre efficace en studio, à l’écoute des musiciens. Il comprend vite et il est sympathique ! Et puis, il sait rester à sa place et ne pas prendre le dessus sur l’artiste qui l’appelle.

Aujourd’hui, il a pris le leadership sur sa musique. L’album sort le 28 octobre sur les plateformes, mais il est déjà sorti par petits morceaux ! Thierry Vaton l’a présenté en juin dernier en Martinique et il le présentera à Paris le 14 décembre au Sunset.

Entretemps, il sera en Martinique le 5 novembre pour accompagner l’artiste chanteur et conteur Joachim Desormeaux. Thierry sera l’invité de sa « Jam do over » au François. Il jouera les morceaux de Joachim mais également quelques morceaux de son album. Il enchaînera en Guyane où il est invité à diriger, lors de la deuxième semaine de novembre à Cayenne, l’Orchestre populaire de Guyane, un big band monté par Elisabeth Lama et le pianiste Pierre-Marie Levaillant.

Vaton par Philippe Baudin – DR

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