« Aujourd’hui  il nous faut aller vers plus de compétences  pour Saint-Martin »

Black Immigrant Daily News

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Louis Mussington,  le nouveau président de la collectivité territoriale, est un homme pressé qui derrière une apparente bonhomie, veille à inscrire Saint-Martin dans le concert caribéen, tout en ménageant les liens indispensables avec le gouvernement français. Pour l’heure, cette nouvelle gouvernance s’est attelée au chantier de la reconstruction de l’île avec de nouvelles ambitions. Il nous livre sa feuille de route. 

Où en sommes nous de la question statutaire ?

Le ministre des outremers  de l’époque Victorin Lurel, était venu nous voir en 2014  en disant : « Faites-moi des propositions pour améliorer les dispositions de la loi organique ».  Ce que nous avons fait.  Mais la gouvernance de l’époque n’a pas su saisir cette opportunité alors que c’était l’occasion idéale pour élargir les champs de compétences. Saint-Barthélemy a su par contre s’inscrire dans cette dynamique d’évolution de leurs compétences. La population saint-martinoise interprétait le changement statutaire comme une étape permettant de tout faire, or ce n’était pas encore le cas. A Saint-Barthélémy,  ils ont obtenu des changements nécessaires. Aujourd’hui,  il nous faut aller vers plus plus de compétences, par exemple en matière d’environnement. Nous sommes compétents en matière d’urbanisme, mais sans latitude sur la question environnementale qui reste dans le pré carré de l’Etat. Dans un souci d’efficacité,  il est préférable que la même entité ait la maîtrise des deux compétences. Car pour l’heure il faut toujours solliciter l’Etat pour des chantiers qui exigent la prise en compte de l’environnement.

Les moyens correspondant aux transferts manquent-ils toujours ? 

On nous a transféré toutes les compétences, Etat, Région,  Département, les moyens n’ont pas suivi contrairement à ce que prévoyait la loi organique. On a subi aussi une perte sèche avec 12 millions d’octroi de mer en moins. Une petite commune comme Saint-Martin est devenue du jour au lendemain une collectivité territoriale et  on a tout assumé sans l’aide de l’Etat. Au niveau de la DGF (Dotation globale de fonctionnement), l’Etat n’a pas toujours été au rendez vous en tenant compte de nos nouvelles responsabilités. Lors de la rencontre avec le ministre des outremers à Paris, j’ai rappelé que la question des moyens  devraient être mise sur la table, y compris pour les contrats de convergence qui ne prévoyaient pratiquement rien au regard des besoins identifiés.

S’agissant des investissements quels sont les priorités

Il y a des priorités, les attentes sont importantes. Il faut reconstruire le territoire, il faut pratiquement repartir à zéro, nous sommes par exemple, sur le projet de reconstruction du collège pour lequel il manque 12 millions d’euros, en plus des 21 millions qui étaient déjà programmés. L’Etat devra nous accompagner. La cité administrative de la collectivité est une priorité car on dépense chaque année 1 million d’euros a cause de l’éclatement des services. Nous attendons de l’Etat une participation aux études diverses qui se chiffrent déjà à 2 millions d’euros. L’aéroport, fait partie des urgences pour le développement de l’île, les infrastructures ne sont pas suffisantes, particulièrement la piste de l’aéroport, de Grand- Case qui doit donc être allongée, soit 18 millions pour la piste et 12 millions pour les infrastructures, avec un effort particulier  pour l’aviation d’affaires. Le front de mer fait l’objet d’une réflexion pour en définir les contours précis avec un phasage sous formes d’opérations ponctuelles comme la gare maritime qui est en pleine reconstruction, mais également la marina qui fera l’objet d’une rénovation. Nous avons un gros programme d’enlèvement des BHU (bateaux hors d’usage), suite au passage d’Irma. Ce sera aussi l’occasion de procéder à un dragage des fonds de la marina.

Quelle politique du tourisme est priorisée ?

Si on veut réussir le tourisme et devenir une destination digne de ce nom,  il faut viser une clientèle haut de gamme, et améliorer la qualité de l’accueil. Ce positionnement renforcé implique aussi une montée en gamme de notre offre touristique  et de nos services en général. Le parc hôtelier  sera enrichi par de nouveaux investisseurs qui se sont manifestés sur plusieurs sites. L’île redevient crédible mais tous les investissements devront s’inscrire dans le schéma global élaboré par notre territoire.  Un schéma global a été élaboré par notre territoire pour que Saint-Martin soit une destination touristique digne de ce nom.

Militez-vous pour une forme de réunification des deux parties de l’île ?

Au-delà des contraintes institutionnelles, nous sommes avant tout des Saint-Martinois. Nous existons avec notre propre histoire et notre propre identité, on ne peut pas séparer les Saint-Martinois des deux côtés de l’île. Nous formons une communauté de destin, nous voulons l’affirmer. Les relations avec les autorités de la partie néerlandaise sont cordials et il y a une volonté de travailler ensemble, c’est un seul peuple, les décisions prises de chaque côté de l’île ont des conséquences pour les deux. Il y a une volonté affirmée  de  rejoindre les instances régionales avec notamment notre  demande pour intégrer l’Organisation des Etats de la caraïbe orientale(OECO). La partie Néerlandaise fait de son coté la même demande. Plusieurs axes de coopération sont déjà en cours dans des domaines comme :  la santé, l’éducation, le renforcement du bilinguisme, les équivalences des diplômes, la justice avec le droit de poursuite, la coopération judiciaire, les décisions sont communiquées à la partie française. Sur d’autres sujets comme la production d’eau potable (tout est en doublon) il est capital de pouvoir coopérer en cas de crise.  Avec les  autorités néerlandaise,  nous étudions la faisabilité d’une instance de travail sous la forme d’un groupement de coopération transfrontalière. Pour l’heure, seule la stabilité politique relative de la partie néerlandaise nuit au suivi des dossiers. Le mode de scrutin favorise en effet de fréquents changements de majorité.

Propos recueillis par Paul CAPARDE

Un menu corsé pour Jean-François Carenco

La visite du ministre des outremers, en début de semaine n’a pas été de tout repos, compte tenu du lourd cahier de doléances des îles du nord. A saint-Martin,  il était attendu sur le dossier de la reconstruction de l’île  toujours en chantier après Irma. Les dotations de l’Etat sont jugées insuffisantes face aux besoins. Symboliquement c’est sur le site de la marina d’Oyster que le ministre a pris acte de la demande pressante des élus pour la reconstruction de cet indispensable outil. La question frontalière étant réglée – le site est situé  à la jonction avec la partie néerlandaise- les moyens doivent être mis pour sa renaissance. Au menu de la visite,  il y a eu la rénovation urbaine avec une demande de validation en comité interministériel d’une opération d’intérêt national  dès février 2023.  Une demande forte de la collectivité concerne l’environnement puisque la collectivité souhaite un  transfert de la compétence « Environnement » au plus tard début 2027  avec en amont l’envoi  à Saint-Martin d’une Mission interministérielle pour préfigurer  les transferts de charge. Mais le tourisme demeure au cœur des négociations avec l’État avec notamment une aide fiscale pour l’investissement hôtelier. D’autres appels de fonds concernent la sécurité des biens et des personnes avec l’augmentation des crédits dévolus pour les forces de l’ordre. Concernant la commande publique,  il est question de l’adaptation, d’ici début 2024 de la réglementation relative à la commande publique. Enfin la fiscalité est toujours sur la table avec une demande de révision de la convention de gestion qui lie la collectivité et l’État.  Il s’agit là encore de soutenir les services de la collectivité et de rendre cohérents les applicatifs avec la fiscalité propre à Saint-Martin. L’objectif restant de rendre effective l’autonomie fiscale de de l’île. Le total des demandes de la collectivité s’établit à 257 millions d’euros.

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