Quel plan de s?curit? pour Ha?ti aujourd’hui ?

Black Immigrant Daily News

The content originally appeared on: Le Nouvelliste

Lors d’une conf?rence de presse tenue en son local le lundi 22 ao?t 2022, le gouverneur de la Banque de la R?publique d’Ha?ti (BRH), Jean Baden Dubois, a dress? un portrait des principaux facteurs qui affectent n?gativement le niveau de l’activit? ?conomique et le taux de change en Ha?ti. Le grand banditisme, avoue-t-il, ne fait qu’alimenter la psychose qui s’installe au sein de la population et qui s’amplifie de jour en jour. Le nombre de cas de kidnapping et d’assassinat spectaculaires cr?e un climat de terreur hostile ? tout processus de cr?ation d’entreprises, d’emplois et de richesses. La ran?on pay?e aux gangs d?capitalise les familles et pr?cipite la classe moyenne en enfer, tout en r?duisant le volume des activit?s ?conomiques.

<>, r?v?le M. Dubois. Il souligne ?galement la d?localisation d’un bon nombre de familles, victimes de l’ins?curit?, vers d’autres pays, ce qui entra?ne in?vitablement des sorties de devises, rendant plus rare le dollar am?ricain et accentuant la d?pr?ciation de la gourde.

Le redressement ?conomique passe inexorablement par la restauration de l’ordre et de la s?curit? publics ? travers tout le territoire national. Est-ce encore possible ? <>, r?pond de fa?on p?remptoire Manel Mauvais, sp?cialiste en investigation et s?curit?, pr?sident-directeur g?n?ral de la compagnie qu?b?coise Radar S?curit? (www.radarsecurite.com), anciennement connue sous le nom de Production S?curit?. Pour y parvenir, il propose l’adoption d’un plan de s?curit? articul? en trois phases : a) l’analyse de vuln?rabilit? et l’?valuation des risques; b) le recrutement et la formation des agents de renseignements et d’investigation; c) la mise en oeuvre, l’int?gration et la supervision de l’ex?cution dudit plan. L’ensemble du processus requerrait un d?lai de deux ? trois ans.

La premi?re phase s’?talerait sur une p?riode de 4 ? 6 mois. L’analyse de vuln?rabilit? et l’?valuation des risques comprennent un examen approfondi de la formation polici?re et militaire de base, de m?me que celui des infrastructures de la s?curit? nationale. Cette premi?re phase prendra fin avec l’?mission d’un rapport d’inspection incluant notamment la collecte et le traitement des donn?es sur le travail des agents d’ordre public. La deuxi?me phase, qui s’?tend sur une p?riode d’un an, comprend le recrutement et la formation des agents de renseignements ainsi qu’une formation adapt?e sur mesure des agents qui participeront aux diff?rentes op?rations de maintien de l’ordre.

?videmment, on ne partirait pas de z?ro. Il y a un nombre important de policiers pr?ts ? risquer leur vie pour mener la guerre aux gangs arm?s. Il est donc urgent d’avoir un vetting exhaustif pour identifier et neutraliser les ripous qui collaborent avec les chefs de gangs arm?s. Le processus de recrutement de la Police nationale d’Ha?ti (PNH) devra se faire de fa?on m?ticuleuse afin d’?viter l’embauche de potentiels bandits. M. Mauvais propose ?galement le recrutement des agents de s?curit? int?rieure avec un niveau universitaire ?prouv? ainsi que le recrutement d’un responsable et d’un responsable adjoint de la s?curit? nationale.

La troisi?me phase concerne la mise en place de la structure pr?vue dans le plan, sa supervision et son ?valuation. Cette phase s’?chelonnera sur une p?riode d’un an ? deux ans. Pour Manel Mauvais, le renseignement rev?t une importance cruciale dans le processus de r?tablissement de l’ordre et de la s?curit? publics. Les agents de renseignements, ajoute-t-il, devraient disposer pr?f?rablement d’une formation universitaire en droit, en criminalit?, en ?conomie et en informatique. Le recrutement se ferait ? travers les universit?s de la place via un processus tr?s rigoureux. Celui-ci contiendra un entretien pointu qui ?valuera les capacit?s et les aptitudes des postulants en passant par une recherche sur leurs ant?c?dents.

L’ex?cution du plan, indique le sp?cialiste en s?curit?, requiert l’identification des ressources disponibles. Quatre cat?gories de ressources m?ritent de retenir l’attention : les ressources humaines, financi?res, informationnelles et structurelles. Les ressources humaines, tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif, repr?sentent un ?l?ment moteur de tout plan de s?curit?. Ce sont les agents de l’ordre qui m?neront les op?rations sur le terrain. Les ressources financi?res ou le budget jouent ?galement un r?le important puisqu’il faut de meilleures conditions de travail et de retraite pour les policiers et les militaires. Mais il faut aussi de l’investissement dans des ?quipements modernes comme les drones, les blind?s et au moins un h?licopt?re pour des op?rations a?riennes. Celles-ci peuvent se r?v?ler tr?s dissuasives.

L’information, la cl? du succ?s de la lutte contre l’ins?curit?

Les ressources informationnelles s’av?rent cruciales. <>, indique Manel Mauvais. Les ressources structurelles, elles, se rapportent ? la mise en place institutionnelle, en particulier les normes, les politiques, les proc?dures et les m?thodes de s?lection des agents. Le vetting est-il institu? de fa?on efficace afin d’?viter les oranges pourries et de s?lectionner les vraies comp?tences ? Il s’agit d’un imp?ratif.

Il faudra aussi envoyer un signal clair aux bandits ? tous les niveaux. Par exemple, la PNH pourrait installer des cam?ras cach?es dans des points strat?giques ? travers l’ensemble de la zone m?tropolitaine pour capter des images en temps r?el des cas de kidnapping. De m?me, un h?licopt?re militaire et des drones seraient d’une grande utilit?. Une coop?ration internationale via une assistance technique efficace serait tr?s utile en ce sens. La communaut? internationale, les pays dits amis, particuli?rement les pays qui ont eu des situations similaires d’ins?curit?, peuvent grandement aider, de m?me que les organismes priv?s sp?cialis?s en fourniture de services de s?curit?.

En termes de signal, M. Mauvais esp?re <>. C’est la politique du gros poisson : quand on attrape un gros poisson, tous les petits vont se conformer, par peur d’?tre happ?s ? leur tour. Il pr?ne ?galement un meilleur contr?le des douanes avec l’installation de d?tecteurs de m?taux et de munitions.

Le P-DG de Radar S?curit? pr?conise l’adoption d’un livre blanc de la s?curit? nationale, support? par l’ensemble des secteurs organis?s de la population. Ce livre couronnera la r?alisation d’un projet pilote qui pourra s’am?liorer en s’ex?cutant et qui servira ? ?crire ledit livre blanc. Ce livre abordera tous les aspects de la s?curit?, y compris l’am?nagement du territoire qui devra faciliter la circulation des v?hicules de police. La politique de s?curit? publique peut aussi s’inspirer du livre blanc.

La Commission nationale de d?sarmement, d?mant?lement et r?insertion (CNDDR) devrait ?galement jouer un r?le important. Il continuerait de faciliter le dialogue sous-terrain afin d’offrir une alternative aux jeunes qui avaient int?gr? les gangs arm?s dans des circonstances att?nuantes et d’?viter les victimes collat?rales. <>, indique Manuel Mauvais, qui cite le cas de l’op?ration ayant conduit ? la mort de Ben Laden. Pour cette op?ration, les informations recueillies ont ?t? pr?cises et la strat?gie d?finie a ?t? tr?s efficace.

L’aspect socioculturel s’av?re aussi tr?s important. Par exemple, la r?alisation d’un championnat et des activit?s culturelles permettrait de collecter des informations sur les jeunes des quartiers vuln?rables et de faire la pr?vention du gangst?risme. Le livre blanc de la s?curit? devrait constituer la derni?re ?tape de la conception d’une politique publique de s?curit? nationale bas?e sur les ?coles de pens?e de la criminologie et sur la r?alit? ha?tienne. Trois de ces ?coles m?ritent de retenir l’attention : l’?cole classique, le courant positiviste et celui de la th?orie du conflit.

L’?cole classique consid?re les crimes comme un choix libre, av?r? et pr?m?dit? du bandit. La force publique doit alors neutraliser ces bandits qui se d?clarent ouvertement, en exhibant leurs armes sur les r?seaux sociaux. Le courant positiviste traite plut?t des violences occasionnelles ou ?motionnelles non pr?m?dit?es. Les violences conjugales s’inscrivent dans cette cat?gorie. Alors que la th?orie du conflit consid?re le crime comme un construit social facilit? par l’absence de mesures punitives. On peut y inclure les crimes politiques r?sultant d’une lutte id?ologique ou des conflits d’autorit?. Pour chacune de ces cat?gories, il faut envisager des mesures sp?cifiques.

Tous les ?l?ments qui facilitent l’?closion de la violence doivent ?tre consid?r?s : les facteurs socioculturels, ?conomiques, judiciaires, ?ducationnels, civiques et environnementaux. On pourrait m?me envisager une s?rie t?l?vis?e pour lutter contre l’ins?curit? dans les m?dias en vue d’influencer psychologiquement les jeunes, en particulier ceux des quartiers vuln?rables. Cela inclut aussi un nouveau syst?me de contr?le de la population ? travers un num?ro d’identification unique, une restructuration des villes et des municipalit?s via une politique publique d’urbanisation, une r?forme ?ducative, voire un service (arm?e/police) communautaire obligatoire.

Ce plan de s?curit? devrait faire l’objet d’une acception sociale de la part de toutes les forces vives de la soci?t?. Il requerra une intelligence domestique ?prouv?e ? travers un syst?me d’espionnage domestique efficace. Il faudra adopter un syst?me de surveillance des fronti?res. En ce sens, la stabilit? ?conomique, politique et sociale du pays constitue d’un facteur important. Un accent particulier devra ?tre mis sur la cybercriminalit?, de m?me que le contr?le des importations, incluant le contr?le des activit?s des entreprises ?trang?res. La coop?ration internationale devrait ?tre mieux exploit?e afin de renforcer la lutte contre le trafic des armes, des narcotiques, du faux monnayage et du crime organis?.

Pour combattre la criminalit? en Ha?ti, il faut une r?flexion globale et l’implication de tous les acteurs de la soci?t?. R?tablir l’ordre et la s?curit? publics demeure l’urgence de l’heure. La relance ?conomique passera par l?.

Thomas Lalime

thomaslalime@yahoo.fr

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